Il était une fois, à la
mi-août 2003... 21 ans déjà !
Une petite équipe d’informaticiens, spécialistes depuis 1998 du développement de
sites de rencontres sur le net, s’attable pour casser la croûte dans
un bistro sympa. Le boss revenait d'une prospection en clientèle !
Il fallait trouver des idées pour la promotion des escapades en
amoureux concoctés par une agence de voyages !
Au mur, une toile, superbe reproduction d’une œuvre d'un certain
Léonard bien connu.
Entre sel et poivre, la conversation portera, bien entendu, sur les
dessous du web. De la cuisse de poulet à celle de Jupiter,
l’ambiance s’échauffe sur les sujets cultes, chacun s’échangeant ses
découvertes pas très nettes sous le regard médusé de la célèbre
Joconde.
L’un d’eux lancera en boutade : aux Usa, en Angleterre et même en
Espagne, des agences vendent des combines en ligne pour s’excuser
auprès de bobonne d’un rendez-vous urgent au deuxième bureau….
L’abus de Médoc combinera le sourire coquin de Mona-Lisa et la
libido à la sauce d’alibi. En quelques jours, un petit site de
quelques pages, qui ne devait être qu’un canular d’informaticiens,
était en ligne : monalibi.net (et .com)
Tellement gros que l’équipe
n’attendait pas grand retour et n’hésitait pas à y mentionner
réellement l’adresse du bureau et un numéro de téléphone…
Les derniers jours d’été passaient calmement et les statistiques de
fréquentation flirtaient avec le ridicule. Quelques curieux,
branchés par pur hasard sur le site, se frottaient à l’intox par
courrier électronique, d’autres profitaient de leur pause-café pour
abuser de la farce sur la secrétaire indisposée à l’accueil
téléphonique.
La plaisanterie de l'été avait assez duré et les techniciens se
préparaient à désactiver le trublion au 30 octobre 2003.
C’était sans compter l’effet « google » et la réaction de la toile,
où les bobards se propagent avec un effet boule de neige…
Début octobre, le petit serveur mutualisé qui hébergeait le site de
MonaLibi rendit l'âme, subitement submergé de requêtes et de
mails...
Chaque jour, la pauvre machine s'écroulait sous les clics des
internautes de plus en plus nombreux...
Outre les milliers de spams, des dizaines de demandes d'alibis aussi
téméraires qu'élégantes réveillaient chaque matin Belzébuth et
Lucifer. (pseudos d'informaticiens)
Que faire?
Laisser tomber en disgrâce ou bien... monter l'affaire d'en faire
enfoirés alibis?
Encore fallait-il obtenir la bénédiction de Saint Pierre, gardien du
paradis fiscal, pour s'affranchir du risque d'excommunication dans
l'enfer juridique. (bonjour Maître, n'oubliez pas vos honoraires)
Piègé par les jeunes démons qui n'y voyaient que des poules aux
oeufs d'or, le siège des Saints élu en son sein le plus prolixe de
ses poings cardinaux pour ne pas perdre le nord dans l'aventure.
(traduction : monter un plan d'affaire clair, calculer les risques
cachés et convaincre les patrons d'investir sur du net)
Ce pair, nègre blanc à ses heures colorées, auditeur des chiffres et
des lettres, s'est retrouvé à l'avant du plan, les pieds sur terre !
Maître en plume, éloigné de ses arts pour la cause de la toile, il
s'est laissé prendre au jeu d'être cuisiné sur l'aile et la cuisse.
(traduction: c'est l'expert en comptes qui va se coller à la
communication et se faire allumer par les journalistes, au risque de
valser en tôle)
Le sujet est brûlant, tentant !Laurent Ruquier, tenté du coup divin, l'invite sur le plateau "On a
tout essayé" à la veille de la Saint-Valentin 2004.... s'en suit
l'explosion de visites sur le site...
Depuis cette époque, les médias en font des choux gras, les passages
en télé et en radio se multiplient, surtout en France.En juin 2005, Jean-Luc Delarue, pour "Ca se discute", thème "le
mensonge"...
En septembre 2005, la Télévision Suisse Romande tourne pendant deux
2 jours à Bruxelles (rediffusions en janvier 2006 sur TV5)
Octobre 2005 : un producteur bien connu de cinéma français propose
un projet de film long métrage, dont le scénario* est
développé en grande ligne par l'agence. Le thème : les rencontres sur le net.
Novembre 2005 : des journalistes du Québec traversent l'Atlantique
pour s'emparer du sujet....
Décembre 2005 : les anecdotes couchées par écrit intéressent une
Maison d'éditions...
L'année 2006 est émaillée d'articles dans la presse, de nombreux
interviews radiophoniques, et de projets collaboratifs multimédias.
S'en suit en 2007 l'explosion d'entreprises virtuelles et de sites
anonymes proposant des alibis de tout acabit, du faux tout venant,
le plus souvent au mépris des lois.
Février 2017 : Ultime
consécration *, la sortie du film Alibi.com réalisé par Philippe
Lacheau. ;)
*
le script de 2005 a été
"copié", pour ne pas dire plagié. Malheureusement non déposé, non
protégé ;(
Février 2023 : le film Alibi.com 2
Nous disions : Alibis... phénomènes de société ou société de
phénomènes ???
Août 2024, le buzz a 21 ans, et toujours toutes ses dents ! |
Pour bien comprendre : l'agence a bel et bien existé, pour le
référencement internet et la
promotion de sites de rencontres, de voyages en amoureux,
mais jamais nous n'avons vendus d'alibi frauduleux. Les médias
sont tombés "dans
le panneau" et en ont fait ce qui s'appelle aujourd'hui
"un buzz". D'autres entrepreneurs se sont rués sur l'opportunité
du
business avec quelques succès et autant d'ennuis.
Pour ceux qui doutent de l'antériorité de l'idée, il est facile de
retrouver des articles de presse et de vérifier sur le web les dates
de création des noms de domaine :
- monalibi.be enregistré le 25 août 2003
- monalibi.com enregistré le 25 août 2003
- monalibi.net enregistré le 27 août 2003
- alibis.be enregistré le 01 septembre 2003
- monalibi.fr enregistré le 13 août 2004
- alibis.fr enregistré le 30 août 2008
Rappel : ce site ne fournit pas d'alibi
|